Le matelotage regroupe tous les petits travaux effectués à bord d’un bateau à partir de cordages : nœuds, épissures, couture, amarrages…
Vous souhaitez justement vous lancer dans le matelotage ou bien vérifier qu’il ne vous manque rien ? 
Alors identifions ensemble les 7 principaux outils pour réaliser ce type de  travaux et surtout comment les utiliser.

1. La paumelle de voilerie, pour coudre sans se blesser

La paumelle de voilier, permet de protéger la paume de votre main lorsque vous réalisez des coutures sur des matières épaisses comme du cuir ou des voiles.

Cet outil est utilisé dans la marine depuis des décennies. Pour exemple, le musée du textile canadien a conservé une paumelle datant du début du siècle dernier. Cette paumelle appartenait à un marin de Nouvelle-Ecosse. 

La partie servant à ceinturer la main est en cuir et l’empiècement circulaire renforcé permet de pousser sur les aiguilles comme un dé à coudre. Il vous faudra choisir la paumelle selon si vous êtes droitier ou gaucher.

Il existe plusieurs gammes :

• La paumelle souple classique, pourvue d’une sangle de réglage de la taille, plutôt destinée aux personnes ayant un usage occasionnel ;
• La paumelle renforcée de 7 mm en cuir et résine, plus épaisse pour un usage plus régulier. Il faudra la faire tremper au moins 24h dans l’eau, puis réaliser 2 ou 3 travaux, paumelle mouillée, pour qu’elle prenne la forme de votre main ;
• La paumelle à ralinguer de qualité professionnelle, de 18 mm, également en cuir et résine, avec renfort au pouce et à l’éminence thénar. Elle nécessitera également un trempage de 24h et une utilisation mouillée pour la former à votre main.

2. Le fil suiffé à surlier, pour coudre avec facilité

Comme son nom l’indique, le fil à surlier permet de faire des surliures. Il peut être en polyester ou en polyamide. Il existe dans plusieurs couleurs et plusieurs diamètres, et le choix du diamètre dépend de l’épaisseur du cordage à surlier : le fil devra toujours être plus fin que le cordage pour être solide et le serrage n’en sera que plus facile. Il a une texture suiffée ou poissée, car recouvert de paraffine, ce qui lui donne un meilleur maintien et l’empêche de glisser.

Vous pouvez également être amené à réaliser des surliures avec du fil en polyéthylène type Dyneema. Mais celui-ci est beaucoup moins souple et ne sera pas suiffé et donc beaucoup plus difficile à mettre en œuvre. Bien que plus solide, il nécessitera d’être serré plus fort, c’est pourquoi il est davantage conseillé sur des surliures à fort ragage. 

3. Les aiguilles à coudre

Sur un bateau, chaque travail de matelotage, ou autre, à son aiguille : Les aiguilles de voilerie pour les coutures et les aiguilles à épisser (creuses ou à long chas) pour joindre deux cordages par croisement des torons. 

Les aiguilles de voilerie

En navigation ou en escale, vous pouvez avoir besoin de réaliser des coutures solides pour :

• réparer une voile ou un taud par exemple,
• voire même parfois vos chaussures de voile,
• faire une surliure et une épissure sur un cordage,
• réaliser un fourrage en cuir pour vos avirons, le gainage de vos cercles de mat, votre étambrai ou vos espars par exemple… 

Et pour réaliser vos coutures, il est important de choisir la bonne aiguille de voilerie. Plus la matière à coudre sera épaisse, plus vous devrez choisir une aiguille épaisse. Chaque aiguille a un numéro associé à sa taille, plus le numéro est élevé plus l’aiguille est petite, et vice-versa. Vous pouvez les trouver en vente à l’unité ou en lot.

Egalement, pour terminer un cordage et éviter qu’il ne s’effiloche, vous pourrez opter pour des surliures cousues, ce qui consiste à entourer les extrémités d’un cordage et terminer par un point de couture.

Les aiguilles à épisser

Les aiguilles à long chas

Pour réaliser des surliures sur du cordage moderne, vous pouvez utiliser une aiguille appelée aiguille à long chas. On l’appelle ainsi à cause de ses 2 grandes tiges en acier qui forment une longue bouche étroite pour le passage du cordage (le chas).

Cet outil est très utile, plus rapide et recommandé sur les cordages de petit diamètre, sachant qu’une seule aiguille s’adapte à plusieurs diamètres. 

Comment s’utilise-t-elle ? Vous passez toute la longueur souhaitée au centre de la tresse, puis coincez l’âme dans le chas qui se trouve à l’extrémité de l’aiguille et enfin pour que l’âme se glisse dans le cordage, terminez sur la poignée.

Son manche permet d’exercer une force plus importante pour tirer le cordage lorsque vous effectuez votre épissure. Elle existe avec un manche classique en plastique ou une petite bobine.

Les aiguilles creuses

Les aiguilles creuses, simples d’utilisation, permettent également de réaliser des épissures sur des cordages modernes à simple ou double tresse. Elles sont en acier inoxydable et leur diamètre correspond strictement au diamètre du cordage à épisser. Il faudra donc changer d’aiguille pour un autre diamètre de cordage. L’utilisation est quant à elle, à l’inverse de celle employée avec l’aiguille à long chas.

Nous vous invitons à regarder le portrait vidéo d’Anne RENAUD, ancienne maître voilier de l’Hermione, dans laquelle elle présente son métier et utilise les aiguilles.

4. L’alène de voilerie 

Pour réaliser des pré-trous sur des matières épaisses comme le cuir par exemple, l’alène de voilerie pourra vous être très utile. Ainsi vous pourrez passer plus facilement l’aiguille à travers l’épaisseur sans trop forcer.

5. Les épissoirs

L’outil essentiel pour réaliser de belles épissures est bien sûr l’épissoir. Une épissure est le moyen le plus sûr et le plus efficace de créer un œil fixe dans un cordage. Il consiste à entrelacer entre eux, les torons d’un cordage afin de créer une boucle solide mais également esthétique.

Il existe 2 types d’épissoir, soit creux, soit plein.

L’épissoir creux est en acier inoxydable et a un manche en bois. 

L’épissure n’est d’ailleurs pas utilisée uniquement dans le nautisme. On la retrouve également dans l’industrie pour jointer deux câbles métalliques du type fils électriques, câbles de téléphérique, ou télécom, et pour cela l’épissoir plein est préférable et plus adapté.

Découvrez en vidéo la technique complète pour réaliser une épissure avec un épissoir creux et du cordage classique en chanvre :

6. Le couteau de gabier

Le couteau de marin, toujours bien affûté et porté à la ceinture dans un étui par le gabier, lui permettait ainsi d’effectuer en toute sécurité ses manœuvres de voile dans la mâture, ou lors de l’entretien général du gréement.

La lame est en acier inoxydable, afin qu’elle ne rouille pas, et le manche, en bois. Divers bois peuvent être utilisés, du plus classique au plus précieux tel que l’ébène.

Mais le couteau de gabier a été légèrement détourné pour un usage quotidien en mer ou pour un mateloteur, avec des options supplémentaires : épissoir, démanilleur, anneau à frapper…

7. Les ciseaux de matelotage

Les ciseaux de matelotage ont été spécialement conçus pour couper du cordage comme le Kevlar et les fibres aramides difficiles voire pratiquement impossibles à couper avec des ciseaux et cisailles conventionnels.

Ces ciseaux sont dotés d’un bord de coupe dentelé. Les lames sont également épaisses pour résister au pliage, ce qui empêche les fibres aramides de pénétrer entre les lames, ce qui est idéal pour le matelotage.

Bien entendu, cette liste n’est pas figée, ni exhaustive. Les plus expérimentés en matelotage auront leurs propres techniques, outils ou astuces acquis grâce à leur pratique.

D’ailleurs, chacun est libre de partager en commentaires son avis et ses retours d’expérience.